Pôle Léonard de Vinci : Interview de Mariannick SOUBISE directrice des programmes MBA Management de la supply chain et MBA manager des achats
Avec Mariannick SOUBISE, nous avons eu un échange particulièrement riche et dense. Un échange fleuve avec une passionnée de la supply chain et de l’enseignement. Cet échange aurait pu durer 5 heures tant il y avait de choses à dire. Découvrez l’interview de Mariannick SOUBISE, directrice des programmes MBA Management de la supply chain et MBA manager des achats du pôle Léonard de Vinci.
Pouvez-vous vous présenter et présenter ce MBA ?
Alors en quelques mots ma biographie, donc je m’appelle Mariannick Soubise je suis consultante, formatrice et directrice de programme depuis pratiquement 20 ans. J’en suis à 40 ans de vie professionnelle. J’ai consacré 20 ans au commerce international et aux achats. J’ai commencé par la logistique et l’administration des ventes import-export. Ensuite, je me suis orientée vers des missions de directrice logistique à l’international pour des grands groupes industriels. Puis j’ai évolué sur les fonctions de Commerciale et Responsable de Zone Export. Ensuite je suis devenue Acheteuse en achats production à l’international.
En 1998, je me suis tournée vers les métiers du conseil et de la formation et ai suivi une formation BAC + 5 de Responsable Formation au Conservatoire national des Arts et Métiers. Durant 20 ans, j’ai partagé mes activités entre réalisation de missions de conseil en Commerce International, Audit et Déploiement de plans d’amélioration continue ainsi que l’animation de formations de Niveau I et II en Ecoles de Commerce et Organismes de formation continue.
J’ai d’abord été professeur en Commerce International et Achats au sein du groupe INSEEC PARIS et en Université et ensuite ai créé en 2008 le Master Achats Internationaux et Supply Chain Management et l’ai dirigé jusqu’en 2019.
En Septembre 2019, j’ai intégré le Pôle Léonard de Vinci et l’Institut Léonard de Vinci pour prendre la Direction du MBA Manager des Achats classé en 6ème position en France au classement ED Universal. Et en 2020, j’ai créé un deuxième MBA dédié au Management de la Supply Chain.
Ce deuxième programme est en corrélation avec le MBA Manager des Achats.
Le MBA Supply Chain est un programme délivré en anglais et en français avec quelques résumés en français à chaque cours où nous travaillons la supply chain d’amont en aval. Ce programme s’adresse aux étudiants, personnes en reconversion ou aux professionnels en exercice qui souhaitent se perfectionner, obtenir un titre MBA BAC + 5 et devenir Supply Chain Manager.
Nous apportons cette vision globale, cette expertise du supply chain management qui débute de l’approvisionnement des matières premières jusqu’à la phase de transformation et de production, la phase packaging, la phase transport et la phase distribution. La gestion des risques à chaque phase de la stratégie supply chain y est abordée.
La première session de ce programme a démarré le 18 Janvier 2021 et se termine début octobre 2021 avec un groupe de stagiaires multiculturel émanant d’Afrique, Amérique Latine, Europe.
À l’issue d’un benchmark effectué il y a 3 ans auprès de professionnels de la Supply Chain, il nous est apparu nécessaire à mon partenaire Yves REHBY, cofondateur du MBA à mes côtés de créer un programme abordant toutes les facettes de la Supply Chain et ce dans un contexte mondialisé.
Nous souhaitions couvrir aussi les spécificités du Commerce International, les typologies Supply Chain industrielles et services avec un accent sur les Achats et la Digitalisation des organisations Supply Chain.
Bien entendu, un certain nombre de nos confrères tels que l’Université de Paris Dauphine a créé bien avant nous un programme dédié à la Supply Chain. Mais nous avons constaté lors de notre Benchmark par les réponses des professionnels de la Supply Chain que chaque programme avait sa spécificité et qu’il serait judicieux de créer un programme complet traitant de tous les aspects d’amont en aval des organisations Supply Chain.
Décision a donc été prise de monter un programme s’adressant aussi bien à des professionnels dans les filières industrielles (énergie, BTP, automobile, aéronautique, ferroviaire, chimique, laboratoire pharmaceutique, cosmétique etc.).
Une partie de nos stagiaires de la session 1 sont aussi bien chez SANOFI, L’OREAL et d’autres grands groupes du CAC 40.
Un des objectifs primordiaux de la Supply Chain est la sécurisation des approvisionnements.
Cette sécurisation des approvisionnements et de la supply chain a toujours été d’actualité mais elle est d’autant plus renforcée depuis un an et demi avec la pandémie Covid, les confinements, les ruptures brutales et momentanées d’approvisionnements de matières premières, de composants, de sous-ensemble, des principes réactifs dans la pharmacie ou de matières premières agroalimentaires qu’on va ensuite transformer et raffiner pour en faire des produits finis à la revente.
Ces confinements généralisés dans la plupart des pays ont entraîné le fait que les transports ont été arrêtés aussi momentanément. N’oublions pas que le transport aérien s’est arrêté et n’a repris que partiellement.
L’industrie aéronautique en est consciente et les compagnies aériennes le disent nous retrouverons notre niveau d’avant qu’à partir de 2022 voire 2023. Mais déjà une grande partie quand même du fret aérien peut à nouveau voyager.
Les bateaux abandonnés dans les ports, les opérations de manutention ne se faisaient pas non plus dans les différents ports mondiaux du fait des confinements. Les usines en Europe, aux États-Unis et dans tous les grands pays développés mais également chez nos fournisseurs basés sur les 5 continents que ça soit le Maghreb, l’Afrique, l’Asie du sud-est étaient aussi à l’arrêt.
Donc c’est un mouvement général que la planète connaît pour la première fois, c’est-à-dire une pandémie à l’échelon mondial planétaire ayant malencontreusement abouti à autant de décès, de départ de personnes qui avaient un destin à terminer.
Cette pandémie fut une catastrophe humaine mais aussi économique. Les entreprises sont en train de réaliser au quotidien la fameuse méthode VUCA « volatility, uncertainty, complexity and ambiguity ».
Nous sommes obligés sans arrêt de repenser l’approvisionnement. Tant du côté de l’acheteur que du Supply Chain Manager, on doit faire preuve avec nos équipes d’agilité, de résilience, de robustesse et d’adaptabilité : travailler des plans B des plans C, des plans D pour pouvoir pallier cette rupture pendant un an et à des ruptures éventuelles qui pourraient se reproduire.
Si les résultats sont au rendez-vous dans les mois à venir, d’ici là les campagnes de vaccination mondiale tant en Europe que dans les autres pays peuvent s’accélérer du fait justement de la supply chain parce que finalement il y a un enjeu crucial de la supply chain (qui est la réception des doses en temps pour pouvoir procéder à ces vaccinations massives des différentes populations des différentes classes, d’âge…).
Nous retrouverons d’ici quelques mois une économie totalement normale et nous aurons appris de cette leçon et de cette épreuve.
Je crois que tout le monde actuellement est convaincu dans les entreprises mais aussi dans le grand public que la fonction supply chain depuis plusieurs années et surtout depuis un an est devenue une fonction cruciale, support au service des prescripteurs internes mais aussi core business.
Il y a une vingtaine d’années, on pensait que nous étions uniquement des centres de coûts. Non, nous sommes des centres de profit et nous l’avons toujours été sauf que je crois que peut-être, nous ne nous communiquions pas suffisamment là-dessus.
Depuis un an, les services sur place ont dû faire preuve de réactivité, d’agilité pour pouvoir faire en sorte que les responsables productions, les directeurs d’usine, les commerciaux, les logisticiens puissent continuer à faire tourner les usines.
Peut-être pas d’une manière optimisée il est vrai pendant un an, peut être en sous capacité mais pour pouvoir faire face à la livraison des commandes qui étaient déjà planifiées, programmées et passées par les clients mondiaux.
Ce fut un jeu d’équilibriste on pourrait même dire que les services supply chain ont été un peu des danseuses sur un fil avec une pression extrêmement importante.
Il y a aussi un fait très marquant qui montre les capacités techniques des services de la supply chain, des équipiers, des managers notamment lors toujours de cette pandémie qui ont dû approvisionner de manière exceptionnelle des produits qui ne sont pas destinés à la revente.
Nous allons les appeler les achats indirects mais qui ont été extrêmement prépondérants pour mettre les salariés dans de bonnes conditions de travail et respecter les protocoles sanitaires.
Alors évidemment je pense à l’approvisionnement de masques, de gel hydroalcoolique, de panneaux en plexiglas et de tous les équipements qui concourent à protéger les salariés.
Je pense à une société comme ADP et son Directeur Achats et Supply Chain Dominique Étourneau témoignant, lors d’un récent Webinar du Conseil National des Achats, sur le surcroît de travail généré à ses équipes et lui-même. Il était impératif de protéger les salariés, les sous-traitants et les voyageurs sur le plan privé ou le plan professionnel qui vont et qui sont acheminés dans les aéroports et qui doivent aussi souscrire un certain nombre d’obligations, de gestes barrières, de respect de protocoles sanitaires, etc…
Les différentes entreprises mondiales sur les 5 continents ont donc été confrontées à ces types d’approvisionnement d’un genre nouveau et ont dû mettre en place des organisations supply chain rapides, novatrices, pushy et punchy.
Nous avons des entreprises du secteur automobile qui se sont regroupées avec d’autres groupes industriels pour fabriquer des machines pour les blocs opératoires. Il y a eu un effort national très important de groupes de projet qui à la demande du gouvernement se sont réunis pour étudier comment participer à cet effort de guerre en fabricant notamment des respirateurs artificiels pour pouvoir couvrir rapidement les besoins.
Quel est le contenu de votre formation ?
Ce programme intitulé International Supply Chain management MBA est un volume d’environ 400 heures comprenant 2/3 conférences spécialisées sur la Blockchain, la digitalisation de la Supply Chain.
Au niveau du corpus de cours nous avons effectivement 400 heures qui sont réparties par blocs de compétences. Nous avons déjà anticipé l’enregistrement au RNCP dans 1 an. La première est en cours de réalisation et la deuxième opérera à partir de mi-janvier 2022. Mais nous avons déjà orchestré les cours et les avons sectorisés en 4 blocs de cours.
Les blocs de compétences ont été montés selon la méthode SCOR. Le premier Bloc de compétences est dédié au Management de la Supply Chain (fondamentaux, concepts et stratégie, modèle SCOR ) ainsi qu’à la Logistics Strategy, Key Performance Indicators et les Principes du Lean Management.
Le deuxième Bloc de Compétences se focalise sur La Planification avec un ensemble de cours axés sur le Strategic Planning, S&OP, le Material Requirement Planning, Le Manufacturing Orders Planning and Scheduling ainsi que les nouvelles théories de planification comme la Théorie des Contraintes.
Ensuite, le Troisième Bloc de Compétences est axé sur le Procurement & Customer‘s Order Management. Nous y abordons les Stratégies Achat et d’Approvisionnement ainsi que les Moyens de Paiement à l’international, les Aspects des contrats achat et vente et le Suivi des Ordres de Commandes et la partie Procédures Douanières. Un focus important est fait aussi sur la Reverse Logistics and les Fondamentaux du Développement durable et de la RSE en Supply Chain.
Le Quatrième et dernier Bloc de compétences est composé de cours traitant de la production, des inventaires, des stocks et de l’entreposage ainsi que de la gestion des flux. Sont abordés aussi dans ce bloc les fondamentaux des réseaux logistiques et les spécificités des moyens de transport internationaux.
Notre équipe d’enseignants est composée de Directeurs ou Directrices Supply Chain et Achat en exercice comme Denis Dajno chez FLEXNGATE, Fabian Bacarisse chez COLAS, Romain Davoine chez ALSTOM, Eva Nepault chez WABTEC et de Consultants Experts en Supply Chain comme Philippe Constant, Paul Sanséau, etc.
Le programme couvert sur 1 année est dense, dynamique et couvre la totalité des aspects d’une organisation Supply Chain.
Quel est le rythme de la formation ?
Il y a une première semaine intensive de cours en journées complètes pendant 5 jours. C’est un séminaire d’entrée avec déjà une partie du bloc 1 (Management de la Supply Chain) et cette conférence d’Isabelle Dreuilhe qui intervient sur les nouveaux modèles supply chain post-covid. Dès le deuxième jour, les étudiants travaillent un premier cas.
Une fois le premier bloc terminé, les étudiants enchaînent avec un Business Case Supply Chain à traiter.
Ensuite le rythme de la formation est 6 jours par mois en cours : les lundis, mardis et mercredis sur 2 semaines par mois et le reste du temps en immersion en CDD, CDI, stage alterné ou contrat de professionnalisation en entreprise.
Quels sont les pré-requis pour prétendre à cette formation ?
Au niveau des prérequis pour être accepté dans ce MBA, il faut les étudiants aient déjà une expérience en Commerce International, ou Logistique ou Management de Projet même si l’ensemble des fondamentaux du Commerce International est abordé durant le cursus.
Des personnes issues d’Ecoles d’Ingénieurs et se destinant au Management de Projets Supply Chain à l’International sont aussi des profils recherchés.
Nous avons aussi dans nos publics des collaborateurs déjà dans le secteur de la Supply Chain et souhaitant se perfectionner pour prétendre à des postes de Supply Chain Manager.
Les fonctions visées par ce programme sont de plusieurs ordres. Les étudiants peuvent devenir ingénieur supply chain, manager supply chain… Ils peuvent également avoir des fonctions hybrides, un poste hybride de procurement et management supply chain. Je pense notamment aux environnements PME et ETI. Ils peuvent également devenir au terme de quelques années d’expérience en Supply Chain Consultants.
Comment se réalise la recherche d’entreprise ?
Concernant la recherche d’alternance, nous avons à l’ILV un centre de formation pour apprentis. Nous avons également une responsable école-entreprise Madame Fatima Moussa, qui avec son équipe aide l’ensemble des directeurs de programme à sourcer des offres de contrat pro, contrat d’apprentissage et stage alterné selon les différents programmes, selon les conditions d’éligibilité.
Le MBA Supply Chain ne dispose pour l’instant que du contrat de professionnalisation et du stage alterné. De plus, en tant que Directeur de programme, nous avons dans notre feuille de route à ouvrir nos réseaux professionnels et nous-même à aller sourcer des offres, faire des campagnes de communication auprès des entreprises par des emailing, envoyer des mails ciblés.
À l’issue des cursus, nous faisons également un « service après-vente » si je puis dire où trois mois avant le départ de nos futurs diplômés, nous commençons déjà à envoyer leurs CVs à différents cabinets de conseil en recrutement avec lequel nous avons construit des partenariats.
Il y a aussi un Alumni qui existe depuis 2016 pour les étudiants du MBA Achats. Les diplômés apportent également des offres en postes achat et/ou supply chain via les membres de l’Alumni. Les anciens diplômés en poste nous envoient également des offres de postes.
Pour finir, quelles sont les forces de votre formation ?
Il est à la fois délivré en français et en anglais afin d’assimiler le vocabulaire de la supply chain, du commerce international, de la logistique et des achats en anglais.
De plus, tout le corpus de cours permet de préparer sous forme de volontariat à l’issue du cursus, par les étudiants et professeurs en exercice, la certification APICS CLTD (Certified in Logistics, Transportation & Distribution).
Le fait que nous couvrons la Supply chain d’amont en aval avec une vision end-to-end est une force. Notre pédagogie est très alternative car ce n’est pas qu’une pédagogie descendante. En effet, les supports de cours et contenus sont formatés sous Powerpoint avec une partie à distance et une grosse partie en présentiel. Il y a beaucoup de business cases, de conférences spécialisées. Les stagiaires et les étudiants ont la capacité de rencontrer des spécialistes et des professionnels en exercice. Ensuite, ils sont conviés aux tables rondes que j’organise avec le programme Achats.
Enfin, je suis très honorée d’avoir un Comité Pédagogique pour le MBA management de la Supply Chain composé d’éminents professionnels Supply Chain tels que le Général Jean-Marc Bacquet, commandant de la logistique de l’Armée de Terre qui nous a fait confiance depuis le début, Denis Dajno professeur en supply chain anciennement chez Schneider Electric et dorénavant chez FlexNgate, Romain Davoine, directeur supply chez Alstom Transport, Jérémy Goldnadel directeur supply chain EMEA business development Chine et marchés émergents du groupe Sanofi, Clémentine Mermet des Granges qui est Senior Distribution Director Europe de Warner Music et Catherine Rivoallon, qui est la Préfiguratrice de l’intégration des 3 ports de l’axe Seine : Le Havre, Rouen et Paris et Présidente du Conseil d’Administration d’HAROPA.
Enfin nous avons eu le prix de l’innovation l’année dernière et le prix du lancement cette année par ED Universal. Finalement, les forces de l’ILV ce sont des masters spécialisés, de très haut niveau et classés.
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